À la croisée de l’escalade et des Natural Games : 5 questions à Christopher Hardy

Christopher Hardy est le speaker officiel des Natural Games depuis des années. Chouchou à la fois des spectateurs, des compétiteurs et des organisateurs, il commente les plus grandes compétitions mondiales d’escalade, de ski et autres sports outdoor.

Christopher, « Christo » pour les intimes, a 49 ans et il a grandi dans le Vercors. Dès ses 14 ans, il fait ses premières animations, encouragé par son père, directeur de radio. Il ne s’arrête pas là puisqu’à 17 ans, il speake sa première grosse compétition :  la coupe du monde d’escalade à Grenoble. C’est là-bas que la magie opère : le monde de l’escalade tombe amoureux de Christopher et il le lui rend bien !

C’est une histoire qui dure puisque depuis, il a commenté et animé plus de 250 grandes compétitions. Petit entretien exclusif !

Un des plus grands / plus beaux moments d’escalade que tu aies vécu/commenté ?

 Le plus beau moment d’escalade que j’ai vécu, c’était à Paris Bercy (maintenant AccorHotels Arena), pour les championnats du monde. On était en 2016 et toutes les légendes de l’escalade étaient là comme Adam Ondra et Janja Garnbret. Cette salle a une acoustique particulière. Et quand tu réunis 12 000 spectateurs tous fans d’escalade, ça donne vraiment quelque chose d’exceptionnel, qu’on n’a pas l’habitude de voir.

Ton ressenti sur l’arrivée de l’escalade (vitesse, bloc et difficulté) sur les JO de Tokyo ?

 C’est fabuleux ! Alors, il y a une petite polémique sur la vitesse bloc et la difficulté car il y a plein de grimpeurs qui pensent que la vitesse c’est pas de l’escalade. Mais tous les grimpeur qui s’y sont frotté ont adoré. Finalement, même si ce n’est pas le format qu’on voudrait, (on voudrait une médaille pour chaque discipline et une au combiné), finalement, c’est déjà énorme que ce soit aux Jeux Olympiques. C’était indispensable, c’est un sport fabuleux. En tout cas, moi, c’est le sport que je préfère animer donc je vais pas dire le contraire, mais toute la planète va tomber amoureuse de la grimpe.

Qu’en pensent les grimpeurs ?

Le problème en escalade, c’est qu’il y a toujours le problème falaisiste/compétiteurs. Je ne vais pas dire que les grimpeurs de falaise sautent au plafond, mais finalement tous les grimpeurs mondiaux sont ravis, c’est le rêve d’un sportif d’avoir la médaille olympique.

Qu’est-ce que les NG ont de spécial par rapport aux autres compétitions ?

Ce qu’il y a de spécial aux NG, c’est que déjà c’est un vrai événement outdoor. On se retrouve dans la vraie culture de la montagne et finalement, on se rend compte qu’on est tous liés, que ce soit l’escalade, le kayak, le VTT, le parapente et la slack qui est arrivée après. Ils se connaissent tous ces gars, ils se suivent tous sur les réseaux sociaux et ça leur permet de se retrouver.

Les NG c’est un événement qui est fabuleux pour la grimpe parce qu’il offre des finales où il y a à peu près 15 000 spectateurs sans avoir non plus un enjeu très important dans le calendrier sportif, ce qui permet à des grimpeurs d’exploser et de voir comment il réagissent à la foule. Avec Chamonix, c’est l’événement d’escalade avec le plus de foule.

Une anecdote sur les NG ?

Alors, des anecdotes, j’en ai plein, en général, mais en escalade j’en ai une drôle.

C’était une année hors norme : c’est une petite cadette de première année qui à gagné, Valentine Mangin. Quand t’as 16 ans, gagner devant 15 000 personnes c’est une sensation énorme. Dix minutes avant la compétition, elle m’appelle et me dit : « Christo, j’ai un problème, j’ai pris deux chaussons gauches ». Du coup, même si normalement ils sont en isolement, on a été obligés de l’amener jusqu’à chez elle. On en rigolait, je lui disais : « Mais qu’est-ce que t’es cruche ! »

Et donc, une fois de retour, juste avant la compétition, elle me dit discrètement : « Par contre, je suis jeune, j’aimerais que quand tu me présentes, tu ne dises pas grand chose, comme ça il n’y aura pas trop de bruit… ».  Et donc moi, je repasse derrière le mur, je prends le micro et je leur dit tout doucement : « Bon, elle a 16 ans, elle est complètement stressée, on va lui faire exploser les yeux et lui faire se rappeler à vie de ce soir. Alors quand vous êtes prêts, on y va ! »  Et là, je l’appelle, et je fais signe au public des Natural Games de faire un maximum de bruit pour Valentine Mangin. Le public a explosé d’un seul coup, c’était la folie, et sa tête à elle, on aurait dit un dessin animé. J’ai cru qu’elle allait se liquéfier sur place. Et le fait qu’en plus elle gagne cette année-là, c’était fabuleux.

Si tu devais convaincre des grimpeurs de s’inscrire à l’open des NG, tu leur dirais quoi ?

Je leur dirais déjà, qu’il faut que la vie revienne, à fond. Qu’on a été séparés trop longtemps les uns des autres, que l’open des NG, ça va être le moyen de se faire une bonne compétition, en extérieur, organisée avec le coeur, car je sais que toute l’équipe des NG est surmotivée. On va pouvoir voir des finales de cinq sports outdoor au plus haut niveaux mondial, on va pouvoir faire la fête tous ensemble et on l’a bien mérité, donc inscrivez-vous 😉